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Article #200 Tdm : L’ambitieux défi OLPC

Les enfants d'un village Cambodgien excentré expérimentent le "One laptop per child"

Depuis maintenant quasiment 4 ans que je me balade sur les routes du monde et dans les écoles des pays en voie de développement, je me pose toujours la même question : “Que serait-il faisable pour permettre à tous ces millions d’enfants pleins de vie, avides de nouvelles connaissances et ne demandant qu’à apprendre davantage, d’avoir accès à une éducation digne de ce nom, une éducation allant au-delà de juste apprendre à lire, écrire et compter ?”. Cherchant a repondre a cette question, j’ai accumulé heures de réflexion, rencontres et lectures de projets innovants. Il y a environ 2 ans, durant l’une de ces lectures, je tombe sur un article traitant du projet “OLPC“, “One Laptop Per Child“, mené par Nicholas Negroponte, co-fondateur du fameux MIT (Massachussets Institute of Technology) basé à Boston aux Etats-Unis. La vision de cet homme est ambitieuse, il souhaite qu’à terme, chaque enfant sur terre soit propriétaire d’un ordinateur portable avec accès à Internet. “Un ordinateur doit être utilisé comme un stylo et chaque enfant doit avoir le sien afin d’apprendre tous les jours que ce soit à travers des jeux, des programmes éducatifs ou Internet (…) Les enfants sont comme des éponges, ils apprennent très vite et plongeront rapidement dans l’exploration technologique” dit-il.

Idée folle ? irréalisable ? trop ambitieuse ? Peut-être. Mais une chose est sûre, Nicholas Negroponte et son équipe se sont lancés dans l’aventure et sont bien décidés à faire de ce projet une réalité. Cet ordinateur portable déstiné aux enfants des pays en voie de développement ne sera pas un ordinateur portable classique. Il sera basique, ne coûtera que 100 dollars US (150 USD jusqu’à fin 2008), utilisera Linux et non Microsoft comme système d’exploitation et ne consommera que très peu d’énergie. Les ingénieurs ayant travaillé sur le XO (nom donné à l’ordinateur) gardant en tête que la plupart des bénéficiaires n’ont pas ou peu d’électricité à leur disposition.

Ci-dessous, une photo du XO. Sa fabrication devrait débuter au mois de juin 2007.

L’organisation “OLPC” (qui veut dire littéralement “un portable par enfant”) est à but non lucratif et n’est pas une entreprise classique. La vente de ces machines se fera uniquement aux gouvernements qui les distribueront ensuite aux étudiants. La production ne pourra débuter qu’avec un minimum de 5 millions de commandes. L’Argentine, le Brésil, la Lybie et la Thaïlande ont déjà passé commande de nombreux appareils. L’association de Nicholas Negroponte espère livrer 50 millions d’unités d’ici la fin 2008.

Alors, est-ce une bonne idée ? est-ce raisonable de donner un portable par enfant alors que de nombreux enfants meurent chaque année de famine ou de malnutrition dans le monde ? La question mérite d’être posée. Nicholas Negroponte répond à cette objection de façon très claire en disant “it’s not either, or… (ce n’est pas l’un ou l’autre). Les ingénieurs du MIT sont spécialisés dans la technologie pas dans l’alimentation. D’autres doivent s’occuper des problèmes d’alimentation et de santé“.

Mais à quoi pourrait bien servir un ordinateur portable à des enfants n’ayant quasiment reçu aucune éducation ? Comment pourraient-ils eux aussi bénéficier de tout ce qu’un ordinateur et un accès à internet peut offrir ? Pour répondre à ces questions, que je me suis posé un certain nombre de fois, je me suis rendu à Reaksmey, un petit village au beau milieu du Cambodge. Situé dans la province du Preash Vihear, ce village est comme tant d’autres villages ruraux. Des routes non goudronnées pleines de trous pour s’y rendre, des maisons en bois très fragiles, une agriculture de subsistence permettant de se nourrir mais de ne faire guère plus. Bref, le Cambodge rural. Cependant, dans ce village, Nicholas Negroponte et son épouse Elaine ont sponsorisé la construction d’une école il y a 7 ans et c’est ici qu’il a souhaité faire son “village pilote” avec ses petits protégés.

En 2002, il décide avec son fils Dimitri de mettre en place dans cette école un satellite permettant une connexion Internet, un générateur d’électricité et de donner à l’école une cinquantaine d’ordinateurs portables IBM et Panasonic (le XO n’étant pas encore fabriqué). Ces ordinateurs, les enfants peuvent tour à tour les emmener à la maison et apprendre tout seul comment l’utiliser. A l’école, un professeur fut recruté pour enseigner les bases de l’informatique et un autre pour enseigner l’Anglais, indispensable dès lors que l’on entre dans l’univers de l’informatique et d’Internet.

Ci-dessous, quelques photos de l’école sponsorisée…

…et quelques photos des enfants apprenant l’informatique. Avant la venue de Mr Negroponte, ces enfants n’avaient bien entendu jamais vu et encore moins touché un ordinateur. Ils n’avaient non plus jamais parlé ou entendu un seul mot d’Anglais.

Lors de mon séjour à Reaksmey, j’ai eu l’occasion de discuter avec les professeurs et de me rendre compte à quel point la tâche est difficile et ambitieuse mais absolument pas impossible. Les enfants apprennent très vite à se servir de ces machines et améliorent leur Anglais jour après jour. Etant donné que les enfants ne maîtrisent pas encore la lecture de la langue de Shakespear (très différente du Khmer qui a un alphabet tout à fait différent), l’utilisation d’Internet est pour le moment très limitée. “Nous avons juste commencé à utiliser Google images” me dira le professeur. L’activité numéro 1 sur l’ordinateur est l’utilisation de programme comme “Let’s go” pour apprendre l’Anglais de façon ludique et “Scratch“, un logiciel de programmation fait pour les enfants leur permettant de développer une capacité de réflexion et un esprit critique. “L’objectif principal est de stimuler leurs capacités intelectuelles et de les rendre plus vifs d’esprit et intelligents” dira Naomi, le professeur convaincu que ses étudiants progressent de jour en jour. “Nous ne souhaitons pas faire de ces enfants des professionnels de l’informatique ni même les pousser à aller en ville apprendre de nouveaux métiers, notre but est simplement de leur apprendre à apprendre par eux-mêmes, de les rendre plus curieux et mieux à même d’aider au développement de leur communauté“.

Ci-dessous, 2 photos d’un programme éducatif pour apprendre l’Anglais.

Je dois avouer que j’aime beaucoup ce projet et j’espère sincèrement qu’un maximum d’enfants à travers le monde pourront rapidement développer leurs capacités intelectuelles grâce à l’outil informatique. Bien entendu, trouver de bons professeurs capables d’enseigner correctement l’informatique et l’Anglais sera chose indispensable et difficile mais certainement pas impossible. La plupart des écoles que j’ai visité dans les pays en voie de développement n’avaient pas ou peu de problèmes de malnutrition ou de famine, ils avaient des étudiants pleins de vie ne demandant qu’à apprendre davantage de choses. “Mettez un enfant de la jungle n’étant jamais sorti de son environnement pendant 2 mois dans Paris, il reviendra en parlant couramment Français, les enfants ont une formidable capacité d’adaptation” aime dire Mr Negroponte.

Outre les objectifs cités ci-dessus, avoir accès à Internet dans ces endroits reculés peut également permettre le fonctionnement de la téle-médecine. Ainsi, le premier lundi de chaque mois, une connexion avec web-cam entre un médecin de Boston et les villageois à la recherche de réponses à leurs problèmes de santé est réalisée. Un système qui a par ailleurs certainement beaucoup d’avenir.

Ci-dessous, une photo avec certains des enfants de l’école…

et une autre lors de la présentation de mon aventure faite aux enfants…

Je vous propose ci-dessous une vidéo de 6 minutes retraçant mon experience a Reaksmey :

 

A bientôt

Ludo

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